Évangile du 5° dimanche de carême 2020.

Père Roger Tanguy

Jean 11, 1-45

v. 21. « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort »

Nous avons sans doute vécu, vous et moi, des décès difficiles à vivre, dans notre famille, chez nos amis, chez nos voisins.

Comme les autres prêtres – ou les membres des équipes de funérailles – j’ai accompagné des familles en deuil, souffrant de décès à tout âge de la vie : bébé de quelques jours, enfants, jeunes, jeunes adultes, papas, mamans…

Il nous est arrivé de crier vers notre Dieu, notre désarroi, notre incompréhension, notre colère, notre révolte, notre sentiment d’injustice. La douleur nous a laissés abattus, cassés, brisés, fatigués d’avoir pleuré.

Il nous a fallu le temps que la douleur s’estompe, que l’on apprenne à vivre l’absence, que la vie reprenne. Les enfants, la famille, les amis, ont aidé à reprendre pied. Les gestes d’attention, d’amitié, de fraternité nous ont soutenus.

v. 23. « Ton frère ressuscitera ».

v. 25. « Moi, je suis la résurrection et la vie ».

Cette promesse de Jésus, elle est adressée à chacun et chacune d’entre nous. La mort n’est pas le bout du chemin. Elle est passage vers Dieu qui nous accueille, passage dans la vie avec Lui, vie que je ne peux pas connaître sur cette terre parce que je n’en n’ai pas l’expérience.

Et pourtant,

Cette vie par- delà la mort s’enracine dans notre vie d’aujourd’hui, dans le chemin d’aimer que nous propose Jésus dans l’Evangile.

« Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1Jn 4,7).

Cette phrase de la première lettre de Jean, je la médite souvent. Celui qui aime a la vie de Dieu en lui ; ou dit d’une autre manière, cette force d’aimer qui est en nous a sa source en Dieu, elle vient de Dieu.

Nous aurons toujours de l’amour à donner. Ce que nous avons vécu de douleur, de peine, ce qui a meurtri notre chair, tout cela, nous pouvons le mettre au service des autres. Parce que nous avons fait l’expérience de cette douleur, nous pouvons être à même d’être proches de ceux qui vivent ce que nous avons vécu.

Il y aura toujours quelque chose à faire pour aider l’autre à reprendre vie, à vaincre les forces de mort qui l’empêchent de vivre, à ressusciter, avec ce que nous sommes, nos capacités d’écoute, de compassion, d’empathie -être là tout simplement – notre participation à des associations, avec l’invitation à porter sur l’autre le regard que Jésus porte et qui fait vivre.

En terminant cette réflexion, je vous laisse avec des mots de notre pape François dans « La joie de l’Evangile ».

 « Nous sommes appelés à être des personnes-amphores pour donner à boire aux autres. Parfois, l’amphore se transforme en une lourde croix, mais c’est justement sur la Croix que le Seigneur, transpercé, s’est donné à nous comme source d’eau vive. Ne nous laissons pas voler l’espérance ».

« Il s’agit d’apprendre à découvrir Jésus dans le visage des autres, dans leur voix, dans leurs demandes. C’est aussi apprendre à souffrir en embrassant Jésus crucifié quand nous subissons des agressions injustes ou des ingratitudes, sans jamais nous lasser de choisir la fraternité. »

Bien fraternellement et en union de prières avec vous tous et toutes.

Père Roger Tanguy  

Cette publication a un commentaire

  1. Catherine

    Merci Roger,
    l’épreuve du deuil est une véritable souffrance,
    L’affection de ceux qui nos entourent, la prière, le temps aussi, sont autant d’éléments qui permettent de revenir à la vie,
    de comprendre que nous avons encore temps à vivre, tant d’amour à donner, tant à se donner !
    merci Roger
    Catherine

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